La loi Travail est un premier pas important et rassurant. Une étape indispensable qui prouve que la France est réformable. Mais pour changer la face du monde de l'emploi, il faudra aller plus loin et ne pas oublier le digital, qui change le monde plus vite que les lois...

 
 

La Loi Travail est un exercice de communication politique. Un acte de bravoure Présidentiel, qui semble dire au monde que la France se soucie de ses maux et le prouve autrement que par des mots.

Dire aux Français, que oui, une Loi du travail pouvait être modifiée sans que les syndicats ne transforment les rues de France en kiosques à merguez, sans affaiblir les plus faibles, sans verser de sang inutile.

 

Dire aux syndicats, qu’ils seront respectés, si ils respectent leur "serment d’Hippocrate", au lieu de garantir leur seule survie, leurs privilèges et leur rente comme ils l’ont toujours fait. En les menaçant, gentiment mais sûrement, sinon, de mettre le nez dans la refonte de leur système de financement opaque, voire mafieux (rapport Pérotin). En leur promettant aussi de ne pas toucher aux fonctionnaires (pour gagner FO).

Dire au patronat, que ce sont bien les PME et les TPE qu’il faut privilégier et non plus nos membres du CAC40, très vertueux d’un point de vue économique et sans qui la France ne serait plus rien, mais qui depuis 15 ans, détruisent plus d’emplois qu’ils n’en créent. Qu’il était temps réserver l’oxygène aux petits, aux PME.

Dire à certains journalistes, qui considèrent le capitalisme à égalité avec la lèpre, la faim dans le monde ou le sida, que "transformer", ce verbe qui remplace "réformer" désormais dans le petit Robert Elyséen, peut se faire sans précariser et revenir sur le droit syndical.

Mais surtout, le Président voulait clairement montrer qui est le patron, « Jupiter », et rappeler que la Loi El Khomri qui devait s’appeler Macron 2,  se nommera Macron le Grand !

Tout cela est très bien. Mais si la communication est la clé d’un regain de confiance indispensable à la croissance, elle ne paie pas les fins de mois des PME. Et n’assurera en rien l’emploi en France. Car les problèmes essentiels restent en suspens, comme nous restons sur notre faim en attendant la fin !

Enfin un air chanté pour les PME !

Muriel Pénicaud possède une expérience des négociations syndicales qui manquait tellement à ses prédécesseurs. La pitoyable association entre délateurs, syndicalistes masqués et journalistes complices, qui voulait la "déboulonner" en étalant comme la confiture, l’affaire dite "Business France" dans laquelle elle ne jouait que le rôle de bouc émissaire, a échoué à la mettre hors jeu et retarder les ordonnances.

Surtout, elle a écouté un certains nombres de voix, comme la nôtre (Observatoire Ubérisation, Parrainer la Croissance, Comité Richelieu…), afin de donner une inclinaison PME à cette loi, qui n’entraînera, qu’elle que soit son contenu, aucune création d’emplois supplémentaires chez les grands groupes, dont la croissance se fait depuis longtemps en dehors de France. La seule réserve de destruction massive du chômage est enterrée chez les PME, enfouie sous un siècle d’ignorance politique et technocratique, des PME ignorées depuis 30 ans, pour n’être représentées par personne de sérieux, de fort et de moderne. Et de digital !

A quand la suite ?

Mais au delà de la communication et de l’annonce, il ne faut pas oublier la mesure qu’il faudra en faire. Celle des résultats. Et si le but est l’emploi, la mesure risque d’être douloureuse. Et sujette à moquerie. La confiance que va créer cette réforme réussie va donner une première aile à ceux qui hésitaient. Mais il en faut 2 pour voler. Il faut donc appuyer sur l’accélérateur et proposer des mesures chocs si l’on veut une croissance chic:

Corollaire à la confiance et l’attention donnée aux PME, décider, enfin, de réduire les délais de paiement à 30 jours. 14 milliards dans les caisses des PME immédiatement.

Supprimer les seuils de 10 et 50 pour en retenir un seul, à 250, voire 500. Objectif : les ETI. Cesser de créer des pièges à "nains", pour inciter à l’obésité économique. Grossir, internationaliser, conquérir. Sinon rien. Réduire les obligations, au lieu de les augmenter, quand on choisit la croissance. Punir la réussite ne génère que la dépression.

Réfléchir, vite, à un statut de l’actif, qui permettrait de mettre fin aux schismes entre salariés et indépendants. Un socle de base, social, incluant formation, retraite, chômage, prévoyance. Permettre aux PME de choisir le statut le plus adapté, sans le faire sur le dos des plus faibles. Dans une PME on aime ses salariés.

Permettre un contrat unique réservé aux PME. Pour rappel, entre 2015 et 2017, plus de 150 000 PME ont été liquidées, souvent faute de pouvoir gérer la diminution des effectifs et la gestion des charges sociales associées. Plus de 40% étaient "sauvables". Nous n’avons pas les moyens d’un tel gâchis. La PME doit pouvoir aussi facilement embaucher que débaucher. Pour le bien de l’emploi. Supprimons toute restriction sur le travail partiel et défiscalisons les heures supplémentaires. Les aider à embaucher des seniors. Ouvrir 24/7 si nécessaire, comme sur internet.

Permettre à chacun de représenter ses collègues, même sans appartenir à un syndicat, dès le premier tour des élections dans les PME, afin de créer une réelle gouvernance démocratique et un dialogue qui mériterait enfin son nom.

Et le digital ??

Mais surtout, faire rentrer le droit du travail dans le XXIème siècle, en se penchant sur ce que le digital transforme brutalement et rapidement dans notre société. Le chômage, comme la misère, est moins dure au soleil. Il faut éclairer de ses rayons la voie des chômeurs vers le travail, celui que le digital tue, transforme ou propose. Avec la flexibilité qui fait son succès. A part les livreurs et les taxis, l’ubérisation démontre que les indépendants plébiscitent un travail flexible, choisi, dans son contenant et son contenu. Loin d’un travail décidé par des conventions nationales signées par des analphabètes de l’internet. Il faut donc définir : 

La responsabilité sociale des plateformes. Mais un modèle social acceptable nécessite une pérennité économique.

Les conditions pour donner des ailes à un modèle social vertueux qui privilégie les start-up et plateformes françaises ou européennes, en les finançant massivement comme aux USA ou en Chine.

Bâtir un statut dit de l’actif, qui unifie les salariés et les indépendants dans une même protection, en échange d’une libéralisation des conditions d’utilisation de l’un ou l’autre. Et cesser de lâcher les chiens pour aboutir à des requalifications qui ruineront la dynamique au détriment de l’emploi.

Cartographier les compétences qui vont muter pour préparer les chômeurs actuels et ceux qui vont l’être (3.5M selon Roland Berger en moins de 10 ans), à retrouver un autre emploi, doté d’un autre statut, mais pas au prix d’une paupérisation. Et donc flécher l’argent de la formation vers cet objectif prioritaire. La formation reste l’arme ultime de la transition, afin qu’elle fasse plus de gagnants que de désespérés. Pour les jeunes ET les seniors.

Elargir ce que j’appelais dans une tribune le "Permis à Point des PME" afin de généraliser leur droit à l’erreur face à une législation inflationnistes. Libérer les stock-options pour avoir des salariés qui s’enrichissent et libérer les salaires conventionnés qui n’ont plus de sens.

Créer 1000 écoles de type 42 et réformer les programmes de formation initiaux et supérieurs, pour doter la France des compétences capables d’en faire un géant du digital et de l’IA.

Et tout cela ne pourra fonctionner que si l’on réfléchit en même temps au financement de notre innovation, de nos start-up et de nos PME. Cela ne pourra fonctionner que si l’on décide de devenir une des plus grandes puissances digitale mondiale en lieu et place du désert que représente l’Europe à ce jour (et la France). La French Tech est un logo sympa, mais cela ne paie pas les factures de notre pays en fin de mois ! Passons des mots aux actes, à l’investissement, au risque. L’innovation se nourrit du risque. Il faudra d’urgence supprimer le principe de précaution de notre constitution. Et rappeler que ceux qui font de la précaution un principe, font de la réussite une exception.

Notre droit du travail date d’un temps où l’internet n’était même pas un fantasme ou une œuvre de science-fiction, il est temps que nous nous offrions un avenir avec les usages du présent, sans moins disant social. Macron pourra alors s’appeler Le Grand !

Pour ajouter votre commentaire, connectez-vous à votre compte.